Bourdon : l’abeille préférée des arboriculteurs (et la vôtre !)

Dès les premiers jours de mars, un bourdonnement se fait entendre aux pieds du jardinier : les bourdons sortent de leur hibernation, à la recherche de nectar et de pollen pour se restaurer.

Aujourd’hui, à l’occasion de la Journée mondiale des abeilles, je vous propose un zoom sur ce pollinisateur pacifique, star de nos vergers et de nos jardins.

Un bourdon est une abeille… Mais une abeille n’est pas forcément un bourdon !

Je ne connais personne qui ne sache pas identifier un bourdon (du moins, une des espèces les plus courantes comme le bourdon terrestre ou le bourdon des jardins), mais un bon nombre d’entre vous seront sans doute étonnés d’apprendre que le bourdon est en fait… une catégorie d’abeilles !

Appartenant à la très grande famille des abeilles sauvages, les bourdons se divisent en plusieurs sous-espèces, dont l’appellation se réfère souvent à l’endroit où ils vivent et construisent leur nid. On retrouve ainsi environ 45 espèces de bourdons rien qu’en France, parmi lesquelles :

  • le bourdon terrestre, l’un des plus gros et communs dans nos régions, que l’on reconnaît grâce à l’extrémité de son corps blanc et qui niche dans le sol (vous avez sans doute déjà dû en apercevoir, notamment si vous avez de la lavande dans votre potager) ;
  • le bourdon des pierres, dont l’extrémité est rouge-orangé et qui construit son abri dans les interstices des murets en pierres ;
  • le bourdon velouté, une espèce menacée et même considérée comme disparue en Belgique et en Suisse d’après les études menées par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) [1].

Une pollinisation optimisée : à la découverte des capacités étonnantes du bourdon

Avec son gros corps tout velu et son bourdonnement particulièrement bruyant, le bourdon a parfois l’air un peu pataud.

C’est en réalité bien mal le connaître !

Le bourdon est en fait un pro de la voltige longue durée qui pollinise des fleurs difficiles à atteindre pour les autres insectes, des premières lueurs du printemps jusqu’à l’automne.

A. Une abeille bien vite sortie du nid

Lorsque les températures avoisinent les 10°C (voire seulement 5°C pour les sous-espèces les plus résistantes au froid), les premiers bourdons font leur apparition [5].

Il s’agit des femelles fécondées des colonies de l’année précédente. Elles sont les seules à avoir survécu à l’hiver et cherchent désormais à reprendre des forces pour fonder leurs propres foyers dont elles seront les reines.

À leur réveil, elles apprécient tout particulièrement les fleurs qui poussent à ras du sol, comme les perce-neiges et les pervenches. Elles peuvent les atteindre « à pattes » plutôt qu’en volant, ce qui leur permet d’économiser de l’énergie.

Les nouvelles colonies de bourdons s’attaquent ensuite à la pollinisation des arbres fruitiers. Pommiers, poiriers et pruniers, dont les fleurs apparaissent dès mars-avril, bénéficient tout particulièrement de leur travail… Pour le plus grand plaisir des amateurs de tartes aux fruits parmi vous !

B. Un voltigeur hors pair qui pollinise plus vite que les autres abeilles

C’est toujours un plaisir (pour moi en tout cas, et j’imagine que pour vous aussi) d’observer les allées et venues des bourdons. Toutefois, leur capacité à voler est longtemps restée un mystère ! On prétendait alors :

« D’après les lois de la physique, les bourdons ne peuvent pas voler. Mais le bourdon ne le sait pas, c’est pourquoi il vole quand même. » [2]

En réalité, les prouesses de vol du bourdon viennent de ses ailes élastiques[1]  qui battent jusqu’à deux cents fois par seconde. Cela lui permet de créer des tourbillons d’air autour de lui qui vont le « porter ». [2]

Ces turbulences lui permettent de conserver son énergie et de voler environ 4 heures de plus que les abeilles (en plus de travailler deux fois plus vite qu’elles !). [3]

Et comme rien ne leur fait peur, les bourdons sont aussi parmi les premiers insectes à ressortir après la pluie ou une chute des températures. En cas de nécessité, ils sont même capables de réchauffer de manière ciblée les muscles qui leur permettent de voler.

C. L’allié incontournable de vos plants de tomates et de courges

Le bourdon ne fait pas partie des insectes favoris du jardinier pour rien !

Il se trouve que les plantes dont il est le pollinisateur le plus actif sont aussi vos fruits et légumes préférés !

Tomates, fraises, courgettes ou encore potirons, si vos récoltes sont abondantes cette année, c’est lui qu’il faudra remercier [4].

Et pour cause : le bourdon ne laisse rien au hasard !

Pour une meilleure efficacité, le bourdon est capable de changer le champ magnétique de la fleur qu’il visite [4]. Une manière de signaler à ses congénères :

« J’ai déjà butiné ici, allez voir une autre fleur ! » La récolte de pollen est ainsi bien plus efficace !

Accueillir le bourdon chez vous ? Rien de plus simple !

Il est relativement facile d’attirer les espèces les plus communes du bourdon chez vous, comme le bourdon terrestre ou le bourdon des jardins.

Comme ils sortent tôt dans l’année, et sont plutôt affaiblis à ce moment-là, ils apprécieront dans un premier temps les plantes couvre-sols et les fleurs de petite taille (notamment les fleurs sauvages comme les perce-neiges, que je vous conseille de laisser à leur disposition).

Une fois leurs forces retrouvées, vous les verrez tourner autour des chatons des saules ou des premières fleurs de vos fruitiers.

Puis, au plus fort de la belle saison, ils feront un festin de vos fleurs de trèfle, de consoude ou de bourrache…

Cela dit, pour les attirer par dizaines, je vous conseille la lavande. Le succès est visible, dès la première saison : des colonies entières se déplacent en masse pour venir la butiner !

Pour ce qui est de leur construire un abri, sachez que la reine bourdon est une opportuniste. Rien ne dit qu’elle ne choisira pas de s’installer dans votre nichoir à oiseaux plutôt que dans la maison que vous avez fabriquée tout spécialement pour elle !

Vous pouvez toutefois faire un essai avec un pot en terre cuite percé à sa base [5].

Il vous suffit alors de suivre ces trois étapes :

  1. Creusez un trou dans le sol, et déposez-y une petite planche en bois.
  1. Après l’avoir rempli de matière sèche (foin, feuilles mortes et brindilles), mettez votre pot à l’envers sur votre planche.
  1. Recouvrez le tout de terre, de sorte que seul le trou du pot soit à l’air libre.

Si vous avez d’autres méthodes pour attirer le bourdon au jardin et célébrer cette Journée mondiale des abeilles, n’hésitez pas à les partager en commentaires ci-dessous !

Il est temps de prendre soin de vous,

Florence

Saine Abondance

Sources :

[1] «10 Espèces d’insectes menacées en France », Les Echos Planete, 02/09/2021.

[2] « Bourdons au jardin », Mon jardin idéal, Antje Sommerkamp, 17/03/2021.

[3] « Objectif pollinisation : des bourdons dans le jardin ? », Botanic.com.

[4] « Le bourdon : pollinisateur indispensable », Jardiner-malin.

[5] « Invitez des bourdons dans votre jardin », Salamandre, David Melbeck, 04/02/2022.

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Une réponse

  1. Merci Florence, j’essaye tous les trucs que vous proposez.
    Il y en a un qui n’a malheureusement pas marché, c’est celui du petit seau à enterrer avec du marc de café et des trous d’un cm de diamètre pour attirer des vers.Le premier que j’ai planté en forêt a été volé. Au bout des quinze jours je n’ai trouvé que le couvercle et le trou. J’ai donc recommencé plus près de chez moi, un bout de terre plein d’arbres derrière les garages. Cette fois le seau était encore là, mais je n’ai pas trouvé de vers dedans. J’ai quand même mis le reste de marc dans mon composte. Ah oui je voulais dire que dans mon composte il y a plein de pousses d’Okaido. Mais je ne sais pas ce qui se passera lorsque je brasserai le compost demain. Le cours sur le compost était très bien.J’ai beaucoup appris.
    Christine

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